Notre Rencontre

Notre première rencontre eut lieu en l’an 63 après J-C. J’étais à l’époque un lion féroce et majestueux, et Fannette était une des premières chrétiennes (quelle déchéance pour elle, vraiment). Elle fut condamnée à être dévorée vivante, en public, et tout le tralala par les fauves du coin, dont je faisais partie. Je ne dirais pas que cela a été un coup de foudre, mais je l’ai trouvée dès la première bouchée tout à fait à mon goût, même si sa chair était un peu faisandée (elle venait depasser un mois dans une prison romaine non climatisée). Je crois bien que je ne lui fis pas une impression très favorable à cette première rencontre (j’avais une si belle crinière, pourtant).

voilà tout ce qu'il reste de ma splendeur...

Notre deuxième rencontre, je crois que c’est là qu’elle tomba follement amoureuse de moi. J’étais un Danois du nom de Grünfden, et je tuai toute sa famille avant de la prendre pour esclave. J’étais très musclé en ce temps-là, et c’était elle qui était chargée de me laver, une fois par trimestre. Je crois que cela produisit sur elle une impression durable.

Notre troisième rencontre fut brève, mais intense. C’était en 1477, je m’appelais Vlad Tepes, prince de Valachie, et j’étais censé avoir péri un an plus tôt. En fait, j’étais un vampire. Je me trouvais en Allemagne, et Fanny était une charmante petite aristocrate du nom d’Hildegarde von Ligestadtstein. Brune à l’époque. Un peu plus ronde que maintenant peut-être. Son sang était tout à fait goûtu.

le portrait n'est pas flatteur, j'étais beaucoup plus attirant...

Notre quatrième et avant-dernière rencontre eut lieu à Paris, pendant la révolution de 1830. Ca a l’air bien, comme ça, hein ? Attendez la suite… J’étais un cafard (il fallait bien payer pour mon existence précédente), elle un chat de gouttière (elle devait avoir fait des trucs pas très catholiques non plus dans sa vie d’avant), et elle joua avec moi, m’arracha quelques pattes avant de me mastiquer lentement. Très mauvais souvenir (enfin pour moi).

Notre cinquième et dernière rencontre a eu lieu, autant que je le sache, à Orléans. Sa mère l’avait chargée d’aller acheter des livres qu’elle avait mis de côté. Et c’est à moi qu’elle s’adressa. Après ? Bah… On est devenus amis, elle n’arrêtait pas de me demander en mariage, et moi je lui répondais « Quand tu seras plus grande ». Elle n’a pas beaucoup grandi ceci dit. Et puis nous sommes allés en vacances au Maroc, à Essaouira. Le reste n’est que détails…